Les humains ont tendance à se juger mutuellement, ne serait-ce qu’inconsciemment, dans les premières secondes d’un contact. Et une des premières choses qui se remarque est l’apparence physique. C’est la nature humaine. Sachant cela, toute personne ayant affaire au public, particulièrement dans le domaine de la vente ou du service à la clientèle, voudra faire le nécessaire pour bien paraître et faire bonne impression.
En 2014, nous avons eu le plaisir d’assister à une conférence pour courtiers immobiliers à Fort Lauderdale, en Floride. Le conférencier, abordant pendant quelques minutes le thème de l’apparence physique et l’impact qu’il peut avoir sur le succès d’un professionnel, a suggéré fortement aux hommes dans la salle d’être toujours bien rasé et de ne pas porter la barbe. Bien sûr, le conférencier avait 70 ans et était américain, mais cela nous semblait très convaincant sur le coup. Pour appuyer son point, le conférencier a fait lever deux courtiers dans l’auditoire, habillé d’une façon similaire, bien coiffé, l’un portant la barbe et l’autre non, puis il a posé la question suivante aux 2000 assistants: “lequel de ses deux courtiers engageriez-vous en vous basant uniquement sur l’apparence? » Nous avons compris qu’une grande partie de la foule semblait être d’accord pour dire qu’ils auraient tendance à choisir celui qui est bien rasé. Évidemment, il ne s’agissait pas d’une étude scientifique sur la question et le fait que certains, sur la base de l’apparence uniquement, auraient choisi l’homme rasé ne veut pas dire qu’il s’empêcherait de faire affaire avec l’homme portant la barbe si d’autres facteurs décisionnels entraient en ligne de compte.
Sur le coup, nous n’y avons pas trop pensé. Mais, de retour au Québec, et quelques années plus tard, nous ne pouvons que constater le retour en force de la barbe. En fait, nous la voyons partout. Même parmi plusieurs courtiers immobiliers ayant beaucoup de succès. La barbe, qui était parfois associée, particulièrement dans la dernière moitié du siècle dernier, aux révolutionnaires, aux hippies, aux grévistes et autres contestataires, semble aujourd’hui avoir échappé à cette étiquette et être portée autant par les jeunes que les moins jeunes, les professionnels que les ouvriers, les riches que les pauvres, les représentants du peuple (politiciens) que le peuple qu’ils représentent.
Devant ce constat, nous nous sommes posé les questions suivantes : la barbe serait-elle culturellement plus acceptable au Québec qu’aux États-Unis ? Le port de la barbe affecterait-il de façon négative les contacts humains et les résultats d’un professionnel de la vente dans le Québec d’aujourd’hui ?
Pour répondre à cette question, nous avons choisi de sonder les gens de notre secteur, notamment, les gens qui vivent à l’ouest de l’autoroute 13 à Laval, pour voir ce qu’ils avaient à dire sur le port de la barbe. Les résultats seront peut-être surprenants pour certains, peut-être moins pour d’autres. Les voici donc :
Quelle conclusion pouvons-nous raisonnablement tirer des résultats de ce sondage ? La barbe chez l’homme québécois ne semble pas, ou très peu, affecter les gens de manière négative. Même que pour un pourcentage assez élevé de la population, on semble plutôt la voir d’un œil très favorable. On s’entend, celle-ci doit absolument être bien taillée et propre. Une barbe sale et mal taillée, tout comme avec les vêtements ou les cheveux, pourrait définitivement avoir un impact négatif sur l’impression qu’ont les gens de nous.
Nous avons interviewé Emerson Jean Poix de Scissors, salon de barbier à Laval-Ouest, pour savoir ce qu’il pensait de la barbe chez les professionnels. Pour lui la question n’est pas, doit-on porter la barbe ou non, la question est plutôt, est-ce que le client à un visage qui porterait bien une barbe ? Est-ce que la barbe est bien taillée ? Est-ce qu’elle va bien avec la coupe de cheveux ? Est-ce qu’elle est bien conditionnée ? Sera-t-elle bien fournie, uniforme, ou pleine de trous ? Bien entretenue ou négligé ? Pour lui, seule la réponse à ses questions déterminera si elle devrait être portée par un individu.
Durant ses dernières années comme barbier chez Waxman House à Montréal, Emerson dit avoir eu plusieurs clients professionnels tels que des banquiers, et d’autres hommes d’affaires. La clé est de bien paraitre.
Emerson croit fermement que la barbe, redevenue populaire au cours des dernières années, est ici pour rester. Tant mieux pour lui, car le taillage de barbe est une grande partie de sa business. Pour plus de détails sur Scissors Salon de Barbier lisez notre article ici.
Nous avons également interviewé Maxime Béland, directeur chez Via Capitale Centre, portant lui-même fièrement une barbe depuis quelque temps. En discutant avec lui, il croit que le port de la barbe au Québec par les courtiers immobiliers (ou n’importe quel autre professionnel) n’a aucun impact en affaire tant qu’elle est bien taillée et maintenue. Il dit que parmi ses collègues, le débat n’a même jamais vraiment eu lieu. L’importance est dans l’entretien.
Malgré tout, nous croyons toujours fortement que le port de la barbe chez la femme est à proscrire.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Le port de la barbe a-t-il sa place dans le monde de la vente professionnel ?
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